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Emma ne vit pas vraiment. Elle n’ose rien, ne crée aucun lien, elle a un boulot inutile. Et surtout elle boit, trop, pour oublier son existence gaspillée. Une nuit, elle se fait enlever dans sa chambre par deux hommes masqués et se réveille le lendemain dans une pièce vide. Enfermée entre quatre murs de béton, avec seulement un matelas au sol et une lampe au plafond. Où est-elle exactement? Qui l’a enlevée? Pourquoi?

Durant sa captivité, Emma se pose bien sûr toutes sortes de questions, d’abord sur ses ravisseurs, mais aussi sur elle-même et sur la façon dont elle a vécu jusque-là, lorsqu’elle était encore «en liberté».

L’auteure, qui signe ici un premier roman au rythme haletant, est redoutable. Grâce à un style nerveux, dépouillé, presque sec, elle installe un suspense complètement hypnotisant.

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Extrait

Je ne veux pas disparaître. Je ne veux pas mourir. Je peux bouger. Je dois bouger. Je vais bouger. Faire de l’exercice. Comme les types en prison qui deviennent tous baraqués parce qu’ils n’ont rien d’autre à faire. Je suis en prison? Je vais faire de l’exercice. Je n’ai rien à soulever, mais j’ai toujours mon corps. Je n’ai que mon corps. Je me lève. Je bois. J’enlève ma jupe et je fais des étirements. Puis des redressements assis. Pas beaucoup. Je suis vite épuisée. Je fais des squats. Mes cuisses brûlent. Je continue. Je fais des pompes. Je fais deux pompes. Je n’arrive pas à en faire davantage. Puis je cours. En rond. Pieds nus. Comme un rat en cage. Pas en prison. Je suis en cage. Je cours. Je m’arrête pour boire. Je me sens un peu mieux. J’ai eu chaud, il y a de la sueur sur mon visage, mon chandail est trempé sous les aisselles. Ça sent la sueur. Juste la sueur. Pas la mort. C’est une odeur rassurante. Ça sent la vie.

On en parle

[…] [E]ntre les frères Grimm et Stephen King. […] [Un] texte qui se lit aussi comme un long poème en prose et en détresse, au style dépouillé et efficace.
— La Presse 

Une allégorie qui permet à Emma de retrouver des sensations et des émotions qu’elle avait perdues, de redevenir humaine.
— 
Progrès-Dimanche 

Le premier roman de Claudine Dumont s’avère un huis clos étonnant et résolument prenant. Maniant une plume efficace, au souffle syncopé et happant, elle réussit à rendre palpitant, mais surtout révélateur, l’emprisonnement de cette femme et d e cet homme lancés dans l’existence sur le pilote automatique et se dirigeant droit vers un mur de béton.
— Le Droit 

Le moins qu’on puisse dire, c’est que Claudine Dumont sort le lecteur de sa zone de confort, pour mieux le surprendre. Dès les premières pages, la narration saccadée empêche les pantouflards de prendre leurs aises et, très vite, le récit en apparence banal prend un virage à 90 degrés. (…) L’auteure jongle à merveille avec les codes de la nouvelle, pour finalement faire éclore un roman des plus attachants.
— Les libraires

Le huis clos auquel sont soumis les personnages est plus tendu et angoissé d'une page à l'autre. Même le silence monte en crescendo. Chaque mot est pesé, chaque phrase, mesurée. L'épuration de l'écriture est proportionnelle à son enrichissement.
— Le Soleil

Pour un premier roman, Anabiose de Claudine Dumont offre un tandem de personnages mystérieux mais complexes, une intrigue haletante soutenue par une narration découpée au couteau, avec un coup de théâtre final qui confirme à lui seul le talent de l’auteure.»
— La Bible urbaine, 4.5/5 étoiles

Claudine Dumont, qui livre un premier roman d’une rare maturité, n’est pas de celles qui prennent maternellement la main du lecteur pour mieux lui décoder l’énigme en fin de parcours : à nous de donner à cette détention aux visées obscures un sens, peut-être même une utilité.
— Nuit blanche

Lauréat
Prix de la Biennale littéraire des Cèdres (Premier roman québécois) 2014
Droits vendus en Anglais (House of Anansi), Arménien (Guitank publishing), Serbe (Dereta)