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Afin de renouer avec Catherine, l’amie d’enfance qu’elle a perdue de vue depuis des lustres, Marianne lui écrit des lettres qu’elle accompagne d’extraits de son journal intime, de photos et d’articles de journaux. Dans la première, elle lui dit: «J’ignore si je te retrouverai à la fin de cette traversée, mais je veux tenter le coup parce que la vie, dans sa hâte folle, s’apprête déjà à nous annihiler. Et je tiens à lui adresser un pied de nez magistral avant qu’elle n’achève son grand œuvre.» Marianne effectue un long voyage à rebours qui la mène jusqu’aux années soixante et soixante-dix, à Saint-Vincent-de-Paul, petite ville où elles ont grandi. La crise d’Octobre y occupe une place importante, car toute la bande qui fréquente assidûment le café Le Grand Jamais et qui rêve de changer le monde s’y trouve mêlée, mais c’est toute cette période charnière de l’histoire récente du Québec qui revit sous sa plume.

Le roman se faufile entre le personnel et le collectif et relate aussi bien les bouleversements intimes que les troubles sociaux. Marianne parle à son amie tout à la fois de ses émois amoureux et des spectacles (L’Osstidcho, Les belles-soeurs), des personnalités (Vallières, Trudeau, Bourassa, Lévesque) et des événements qui ont marqué l’époque, au Québec (Expo 67, la fondation du Parti québécois) et dans le monde (Mai 68, la guerre du Viêtnam, le premier pas sur la Lune).

Après Le train pour Samarcande, Danielle Trussart nous séduit à nouveau avec un roman où le temps est un acteur incontournable.

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Extrait

Pour un peu, je me mettrais à voir la vie comme à l’adolescence: une grande chose lumineuse qui attire vers elle les gens de bonne volonté et qui leur donne raison, finalement. Raison de travailler à l’avènement d’un monde meilleur, raison d’espérer, raison d’y croire. Et c’est ce qui nous manque en vieillissant, cette vision-là. Ça nous manque plus encore que d’avoir un corps tout neuf et du temps devant soi.

Sélection et Pré-sélection
Prix littéraire France-Québec 2013