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À l’été 1955, un jeune étudiant descend du train à une petite gare qui dessert un chantier de coupe de bois, loin au nord de La Tuque. Il vient y occuper un emploi de garde-forestier que son père lui a déniché pour les vacances d’été. Il passera les deux mois qui suivent dans un camp, en plein bois, en compagnie d’Émeri Dugal, le vieux gardien du chantier. Ce séjour, qui ne visait qu’à lui faire connaître la vie vivifiante des bois, lui fera découvrir bien autre chose.

Très rapidement, il développe une grande complicité avec Émeri, qui lui fait découvrir la vie de l’«hôtel» qui a valu à la gare son surnom de Bordel-Station. Là, il se lie d’amitié avec Mme Rose, la mère maquerelle, avec Célestin, le videur, et avec Carole et Lili, deux jeunes et jolies putes. En leur compagnie, il perd ses préjugés de jeune homme de bonne famille et ses sens s’éveillent. Encouragé par Émeri, qui lui vante les joies de l’amour, sa perception des femmes et de l’amour change. Arrivé puceau et plein de candeur à Bordel-Station, il en repartira transformé à tout jamais.

Bordel-Station est un roman d’initiation délicieusement irrévérencieux, tout en finesse, jamais grossier, empreint de tendresse et de joie de vivre, et porté par une écriture limpide et fluide.

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Extrait

La seule ombre au tableau […] venait de ce que la tendresse fraternelle qui nous unissait, Carole, Lili et moi, […] m’interdisait de mettre à exécution mon projet de coucher avec Lili. Quelle que pût être l’intensité de l’appétit d’elle qui me dévorait, mon cœur à chaque instant me rappelait que j’avais plus à perdre qu’à gagner en cédant à mon envie qui, par ailleurs, croissait sans cesse. La présence de Carole m’affolait tout autant; par moments, des bouffées de vertige sensuel me jetaient presque dans ses bras, mon corps frôlait son corps, puis, venant de je ne sais quel tréfonds de ma conscience, l’ordre me parvenait de me reprendre et je m’écartais d’elle avec une impression de retomber sur terre assez semblable à celle qu’on éprouve en s’éveillant brusquement d’un rêve de chute sans fin. Finalement, c’était assez étrange de passer l’essentiel de mon temps avec deux putes et de devoir demeurer chaste malgré mon désir d’elles.