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Elle s’appelle Anticore; lui, c’est Polytox. Ils sont frère et sœur. Leur histoire est celle d’une intoxication psychique. Polytox, le cadet manipulateur, a fait de sa sœur un objet dont il use et abuse. Voici la dernière scène entre deux êtres qui se sont détruits mutuellement. Quelque chose comme une fin annoncée qui n’arrive pas à se réaliser, car il y a tant de souffrance accumulée, tant de rage que tout cela ne peut se résoudre en quelques secondes.

Game over, un récit d’une densité telle que les mots éclatent dans leur gangue et que le sang gicle de partout.

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Extrait

Si je pouvais, si j’avais pu ou eu la force, j’aurais crié tout au long de ma vie. Hurler au soleil jamais assez ardent. Hurler aux membres disloqués. Impossible de vivre en criant. On retient les bourrasques, on décélère la machine, on prie pour que le cauchemar reste cauchemar nocturne. On se cache sous les ponts jaunes, on se retient aux cordes électrisantes, on veut une vraie finale démentielle. Mais. Avant tout. Je craque sous la pression. Je me sens marmite qui bout qui va se déverser, larve salissante. Même en ce moment choisi j’arrive encore à contrôler ma furie, ma haine. Tu m’as tout pris; mon enfance tout sauf joyeuse, mes objets sacrés, mes pommades quotidiennes tout sauf mes rides que tu as enfoncées, disons-le. Je suis vieille, je le sais, je radote, je n’en peux plus de vivre sous vide. Siphonnée par toi, tes humeurs, tes pièges. Je voudrais grincer comme une guitare peut le faire en entraînant le radeau au cœur du typhon. Pression intolérable quand les épaules me font trébucher, quand les vomissements s’unissent à ma diarrhée, quand je n’arrive plus à saliver tant j’ai mal d’être. Vide. J’étouffe en silence obligé. Il faut que ça saigne.

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