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L’idée même d’un «cimetière d’éléphants» suggérait le vieillissement. Vieux éléphants en quête du lieu ultime où achever leur existence. J’aimais la mélancolie, en quelque sorte la poésie de cette évocation. Je trouvais une sorte de beauté à mes vieux pachydermes «maganés» par la vie, échoués dans l’île.

En fait, c’est en discutant avec un de mes amis espagnols, là-bas, que l’idée m’est venue. Je lui parlais de tous ces étrangers venus finir leur vie à Almuñecar. Il m’a dit: «Oui, un cimetière d’éléphants.» L’image m’a semblé si juste. Elle disait tout. J’ai lu sur les éléphants et fait quelques rapprochements.

Je voulais aussi créer une sorte de microcosme, avec des gens de tous âges et conditions sociales. Ainsi, certains personnages, bien que vivant dans le cimetière, sont plus jeunes — Miranda, Christophe. Décrire un microcosme, c’est-à-dire parler des rapports de force et des interactions.

Bien sûr, le vieillissement de la population est une réalité. Ce paradis, l’île fleurie, serait alors une sorte d’allégorie. On pense à ces résidences où des personnes âgées vont attendre la mort. On a beau les appeler «Château» ou «Manoir», ils n’en sont pas moins des mouroirs où les résidents mènent une existence marginale. Cette réalité me touche, parce qu’elle est omniprésente.

Des choses dont je n’avais pas prévu parler se mettent à exister et moi, comme écrivain, j’en témoigne à ma façon. Il y avait aussi le désir de parler de l’amour tel que vécu par des personnages vieillissants, sinon carrément vieux. L’idée me plaisait.

Hélène Rioux, extrait de l’interview
Dossier d'accompagnement présenté par Alexandra Jarque

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